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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 07:15
Dernièrement, j'ai été contacté par un journalste du site internet Mediapart.fr (lancé il y a quelques mois par Edwy Plénel). J'ai été interrogé, comme d'autres secrétaires de sections PS dans toute la France par le journaliste Stéphane Alliès, à propos de la nouvelle déclaration de principes du PS.
Je vous propose de lire cet article paru sur le site mediapart.fr voici quelques jours...




Les militants socialistes renouent avec le débat de fond. À l'occasion de l'adoption de la nouvelle déclaration de principes du PS, qui sera ratifiée lors de la convention nationale du 14 juin, les adhérents ont en ce moment l'occasion de parler d'autre chose que d'élections ou de congrès. Ce texte, le cinquième de ce genre depuis 1920, se présente comme une charte définissant les valeurs et les engagements fondamentaux du parti. Co-rédigé par toutes les sensibilités socialistes, il n'a rien à voir avec les futures contributions qui seront déposées pour le congrès de Reims, en novembre.

Mediapart a contacté une vingtaine de secrétaires de section à travers la France, pour recueillir les avis de la base militante. Il convient de dire qu'à la quasi-unanimité, toutes les personnes interrogées ont fait part d'un accueil «globalement positif», laissant présager une adoption massive lors du vote national du 29 mai prochain.

Sur la forme, ils sont nombreux à déplorer le manque de temps pour discuter et amender le texte préparé par les représentants des différentes sensibilités du parti. Ainsi Denis Szalkowski, secrétaire de la section de Brionne (Eure), se désole-t-il : «On nous a refait le coup de la précipitation. Les militants en ont ras-le-bol qu'on les prenne pour des machines à voter...» L'adaptation de chaque section face à cette absence de délai diffère selon les endroits.

Ainsi, à Erstein (Bas-Rhin), Dominique Heym explique: «Entre la réalité parisienne et chez nous, c'est très différent. Ici, la section se réunit chez moi. Franchement, ce texte n'a pas à faire débat. Si on n'est pas d'accord, c'est qu'on n'est pas socialiste. Nous en Alsace, on est dans une logique unitaire, on sait depuis la perte de Strasbourg en 2001 que la division peut nous faire beaucoup de mal.»

Cette orientation d'un vote global du texte n'est pas forcément relatif à l'importance de l'effectif militant, la puissante fédération de l'Hérault ayant par exemple décidé de ne pas l'amender. En revanche, à Talence (Gironde), Arnaud Dellu a choisi de prendre le temps d'un long débat: «On a voulu insister, car cette déclaration est quand même le fond de notre engagement commun. Il y a un mois, on a constitué une commission qui se réunit tous les mardis soirs. Et on examine la déclaration article par article. Or, on constate que cette introspection militante et idéologique passionne les adhérents...»

Ecologie, laïcité et espérances révolutionnaires

Quant au contenu du texte, ils sont nombreux à le trouver «trop lisse», selon les termes de Michel Pineau, secrétaire de la section de Cogolin (Var). Chez lui, «ça n'a pas passionné les foules. Ce texte convient à tout le monde, mais beaucoup ont souligné le relatif manque d'ambition des articles. Globalement, ça manque d'éléments réels de transformation de la société». Dans la section de Toulouse 1 (Haute-Garonne), Serge Soula (qui est délégué de canton) raconte que, «unanimement, la section a trouvé que ces principes vont bien au-delà du socialisme».

En creux, c'est l'ambition écologique du texte qui fait débat. Comme à Emerainville (Seine-et-Marne), où Fouad Dogga relate: «On a l'impression que cette question devient une finalité et passe avant l'émancipation et le développement du progrès humain.» Au contraire, à Alès (Gard), Benjamin Mathéaud apprécie: «On a surtout travaillé pour muscler les définitions de développement durable et de croissance.» Cette prise en compte de l'environnement dans les débats a été renforcée par le "lobbying" du pôle écologique du PS, qui a transmis à toutes les sections des propositions d'amendement.

Sur le même principe, le député du Nord, Christian Bataille, se bat pour réaffirmer le principe de laïcité, et l'intégrer dans les «finalités fondamentales» de l'article 3. Cette alerte semble fonctionner, puisque, outre la fédération du Nord, la section d'Ergue Gaberic (Finistère) a repris l'amendement.

Autre point d'achoppement, l'abandon de certaines "valeurs de gauche". Denis Szalkowski, secrétaire de la section de Brionne (Eure), admet ainsi que «certains ont contesté la seule référence aux Lumières et l'abandon du marxisme». Même son de cloche à Plaine-de-France (Val-d'Oise), où Frédéric Faravel juge comme «une bêtise de ne plus assumer les espérances révolutionnaires, comme de ne plus parler de classe ouvrière».

À Lambesc (Bouches-du-Rhône), Frédéric Bounous note que «la section a proposé de tenir compte de l'éducation populaire et du droit à la santé comme faisant partie de notre charte». Mais à Vienne (Isère), Olivier Rey explique que «si les militants craignaient une trop grosse dérive vers le centre, ils ont été rassurés par le ton général du texte, et en même temps par la reconnaissance de l'économie de marché».

Au final, c'est un entre-deux mi-fataliste mi-consensuel qui s'exprime. Accueil des militants que résume Elie Chancrogne, secrétaire de la section de Courbevoie (Hauts-de-Seine): «L'immense majorité était satisfaite que toutes les tendances l'aient signé. Ça montre au moins que nous sommes d'accord sur quelques points essentiels. Il y a certes eu des regrets sur certaines formules ampoulées mais c'est tout de même beaucoup moins abscons que ce qui est parfois produit par le PS.»
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